Former des familles à l’autonomie financière
Dynamic Steward : Avons-nous, en tant que croyants, une responsabilité envers les pauvres et les nécessiteux ?
Ellen G. White : Des hommes et des femmes de Dieu possédant du discernement et de la sagesse devraient être désignés pour s’occuper des pauvres et des nécessiteux, en commençant par ceux de la maison de Dieu. […]
Ceux qui ont des talents et des capacités doivent les employer à faire du bien à leurs semblables, s’efforcer de leur apprendre à s’aider eux-mêmes. C’est ainsi que l’éducation acquise dans nos écoles aura le meilleur rendement (p. 147).
DS : Quelles pourraient être d’autres causes de pauvreté, à part les « malheurs de la vie » ?
EGW : Il y a une classe de frères pauvres qui ne sont pas exempts de tentations. Ce sont de mauvais administrateurs dépourvus de sagesse. Ils veulent obtenir des fonds sans soutenir un effort persévérant. Certains ont une telle hâte d’améliorer leur situation qu’ils s’engagent dans n’importe quelle entreprise sans consulter des hommes compétents at au jugement sûr (p. 151).
DS : Beaucoup se sentent poussés à travailler pour les plus humbles ; avez-vous un mot d’avertissement à offrir ?
EGW : Vous pouvez donner aux pauvres sans leur faire du bien, susciter chez eux le sentiment qu’ils n’ont pas besoin de s’aider eux-mêmes et de pratiquer l’économie. Prenons garde de ne pas encourager l’indolence ou des habitudes qui y conduisent (p. 150, 151).
Il y a une manière de donner aux pauvres qui leur fait du tort : c’est celle qui leur apprend à compter sur les autres (p. 150).
DS : Vos réponses précédentes peuvent sembler insensibles. Qu’est-ce qui pourrait donc être une approche appropriée lorsqu’on s’occupe des pauvres ?
EGW : Au lieu d’encourager les pauvres à penser qu’ils peuvent être nourris gratuitement ou à peu près, nous devrions veiller à ce qu’ils puissent s’aider eux-mêmes. Nous devrions nous efforcer à leur procurer du travail, et si cela est nécessaire leur apprendre à travailler. Qu’on enseigne aux membres des familles pauvres à cuisiner, à confectionner et à raccommoder leurs vêtements, à tenir le ménage dans un état convenable de propreté. Que garçons et filles apprennent un métier ou se livrent à une occupation utile. Nous devons enseigner aux pauvres à compter sur eux-mêmes. C’est un véritable service à leur rendre, ils pourront ainsi non seulement arriver à se suffire mais à venir en aide aux autres (p. 147).
La vraie bienfaisance consiste en autre chose qu’à donner. Elle exige que nous nous intéressions sincèrement à la prospérité de nos semblables ; que nous cherchions à comprendre les besoins de ceux qui sont dans la détresse et à leur apporter le secours qui leur est le plus nécessaire. Donner de son temps, ses propres forces, sa pensée, c’est bien plus que de donner simplement de l’argent. Mais c’est là la véritable charité (p. 150).
DS : Quelle est l’origine du concept d’autonomie ou autosuffisance ?
EGW : Si les hommes étaient attentifs aux enseignements de la Parole de Dieu, ils trouveraient une solution à tous ces problèmes. L’Ancien Testament renferme de précieux enseignements concernant le travail et l’assistance aux pauvres. Dieu désirait que chaque famille israélite possédât une maison et eût assez de terre cultivable pour assurer sa subsistance. Ce système fournissait à chacun les moyens de mener une vie active, utile et indépendante. Aucune organisation humaine ne saurait améliorer ce dessein ; la pauvreté et la misère de notre société sont dues en grande partie à son abandon (p. 148).
DS : Pouvez-vous entrer dans les détails sur la manière dont ceci se faisait concrètement dans l’ancien Israël ?
En Israël le travail manuel était considéré comme un devoir. Chaque père de famille devait apprendre un métier à ses fils. Les hommes les plus éminents savaient travailler de leurs mains. Quant aux femmes, il fallait qu’elles connussent tous les devoirs de la maîtresse de maison, et l’habileté dans le travail domestique était en honneur chez celles qui faisaient partie de la meilleure société. On enseignait différents métiers dans les écoles des prophètes, et beaucoup d’étudiants pourvoyaient à leurs besoins par le travail manuel (idem).
DS : Dans quelle mesure ce modèle serait-il pertinent pour aujourd’hui ?
EGW : La règle de vie que Dieu avait donnée à Israël devait servir à toute l’humanité. Si l’on appliquait ces principes aujourd’hui, le monde serait bien différent (idem).
DS : Impressionnant ! Concrètement, qu’est-ce qui pourrait résoudre la pauvreté et autres misères répandues dans nos villes surpeuplées ?
EGW : Si les pauvres entassés dans les villes allaient habiter à la campagne, ils pourraient non seulement y gagner leur vie mais y trouver la santé et le bonheur. Un travail ardu, une nourriture frugale, une économie rigoureuse, parfois des difficultés et des privations seraient leur lot, mais quelles bénédictions pour eux de quitter la ville, sa misère, ses tentations, ses incitations au mal, ses crimes, pour vivre dans la quiétude, la paix et la pureté ! (p. 148, 149).
DS : Notre responsabilité s’étend-elle aux habitants des régions rurales ?
EGW : Il est des pays où cette nécessité ne se fait pas sentir dans les villes seulement. À la campagne même, où la vie est pourtant plus facile, les pauvres abondent et leurs besoins sont grands. Des villages entiers ont besoin d’éducation en matière professionnelle et dans les principes élémentaires de l’hygiène. [...] Il faut que la formation de ces gens commence par les premiers éléments (p. 149).
DS : Un groupe spécial de chrétiens peut-il aider dans cette œuvre en faveur des pauvres ?
EGW : Les cultivateurs chrétiens peuvent accomplir une véritable œuvre philanthropique en aidant les pauvres à se loger à la campagne, et en leur apprenant à travailler la terre, à la rendre productive, à se servir d’instruments agricoles, à cultiver les céréales et à soigner les arbres fruitiers.
Bien des cultivateurs, dans certains pays, n’obtiennent pas une récolte satisfaisante à cause de leur négligence. Ils ne soignent pas convenablement leurs vergers, ne sèment pas au moment voulu, et ne travaillent la terre que superficiellement ; puis ils accusent faussement de leur insuccès la stérilité du sol (idem).
DS : À part l’agriculture, d’autres aspects du ministère peuvent-ils être entrepris pour soulager la pauvreté ?
EGW : On devrait fonder des industries variées où les pauvres trouveraient un emploi. Les charpentiers, les forgerons et tous ceux qui exercent un métier utile l’apprendraient à ceux qui l’ignorent et sont sans travail.
Les cuisinières, les ménagères, les couturières, les infirmières peuvent apprendre aux femmes pauvres à cuisiner, à bien tenir leur maison, à confectionner leurs vêtements, à soigner les malades (p. 150).
DS : Voulez-vous dire que notre responsabilité missionnaire en tant que croyants doit aller au-delà du partage de l’Évangile ?
EGW : Des familles pieuses devraient s’installer dans les régions incultes. Que des fermiers, des financiers, des entrepreneurs et des artisans aillent se fixer dans les lieux en friche pour y améliorer le sol, y fonder des industries, y construire d’humbles maisons pour eux-mêmes et venir en aide à leurs voisins. […]
Pour arriver à régénérer et à reformer il faut déployer un effort physique et une force morale (idem).
DS : Comment devons-nous nous préparer à cette approche holistique au ministère ?
EGW : Cherchons à obtenir des connaissances dans le domaine temporel et dans le domaine spirituel, afin de pouvoir en faire bénéficier d’autres. Vivons entièrement en conformité avec l’Évangile, de façon que les bénédictions temporelles et spirituelles puissent se faire sentir autour de nous (idem).