J’ai l’intention d’associer deux concepts dont on ne voit pas toujours ce qui les relie. Je parle de la gestion et de l’éducation de nos enfants. Quel est le but de la gestion chrétienne de la vie ? Quel rôle joue-t-elle dans l’instruction de nos enfants ?

Lorsqu’on les analyse en profondeur, la gestion et l’éducation sont plus liées l’une à l’autre que nous aurions pu lepenser. Le potentiel que possède la gestion pour informer et développer les valeurs de nos enfants (objectif majeur du processus de l’éducation) et pour donner une orientation et une structure à leur vie, a été insufisamment utilisé. La gestion occupe une fonction comparable à celle de la colonne vertébrale dans notre corps. Elle donne à notre vie une orientationet une fondation.

ÉDUCATION, GESTION ET RÉDEMPTION

Ellen G. White, co-fondatrice de notre Église, a associé éducation et rédemption en affirmant : « Si l’on y réfléchit profondément, on comprend qu’éducation et rédemption sont une seule et même chose. »[1] Elle avait absolument raison, étant donné que le fondement de ces deux sciences, l’éducation et la rédemption, est Jésus. Il en résulte qu’éduquer, c’est racheter : « Le véritable objet de l’éducation est de restaurer l’image de Dieu dans l’âme. »[2]

Il est essentiel de maintenir cette large vision. L’approche unidimensionelle qui considère l’éducation comme une simple acquisition de connaissances scientifiques la dépouille de son sens éternel.

De même, nous devons promouvoir une conception holistique de la gestion et éviter une approche réductrice malsaine. De nombreux croyants associent la gestion uniquement à la dîme et aux offrandes. Celles-ci lui sont associées, c’est vrai ; mais la gestion, c’est bien plus que la fidélité dans les dîmes et les offrandes, l’utilisation judicieuse du temps et des talents, ou les soins accordés à notre corps. Bien que tous ces éléments soient une partie fondamentale de la gestion, ils ne sont pas la gestion elle-même.

Réfléchissant sur la relation entre la gestion et l’argent, LeRoy Edwin Froom déclare :

Ce principe puissant ne commence ni ne se termine avec l’argent. Dans une certaine mesure, la dîme, c’est de la gestion. Mais la gestion dans ses aspects plus larges est un principe qui englobe toute la vie. Ce n’est ni une théorie, ni une philosophie, mais un programme de travail. C’est, en vérité, la loi de la vie chrétienne. Elleconstitue l’appréciation chrétienne des privilèges, des opportunités, du pouvoir et des talents. Elle est nécessaire à une compréhension adéquate de la vie, et essentielle à une expérience religieuse vitale et authentique. Ce n’est pas simplement une question d’acceptation intellectuelle, mais c’est un acte de la volonté et une transaction définie et décisive touchant tout le périmètre de la vie.[3]

Le même auteur dit aussi : « On peut rendre la dîme et être pourtant loin de l’esprit de la gestion. »[4] Quelques-uns des philanthropes les plus célèbres du vingt-et-unième siècle sont soit des agnostiques, soit des athées. Leur sens de lagénérosité est admirable ; mais ils suffisent pas pour servir de modèles pour des gestionnaires chrétiens potentiels.

L’un des plus grands dangers d’une approche réductrice de la gestion est que celle-ci exclut nos enfants. Pour réaliser le potentiel pédagogique de la formation à la gestion, nous avons besoin d’une approche holistique. L’idée que je veux souligner est que la gestion touche tous les aspects de notre vie. La gestion est rédemption : elle aussi cherche à restaurer l’image de Dieu chez le gestionnaire.

GESTION ET CONCEPTION DU MONDE

Une conception complète de la gestion suggère que son but est de nous aider à développer une conception du monde fondée sur les valeurs bibliques. Une conception du monde est une philosophie particulière de la vie : « On a tousune conception du monde. Chaque fois que n’importe qui parmi nous pense à quelque chose—de la pensée banale (Où ai-je laissé ma montre ?) à une question profonde (Qui suis-je?)—c’est dans ce genre de cadre que nous fonctionnons. En fait, seule l’hypothèse d’une conception du monde, aussi basique ou simple qu’elle soit, nous permet de penser. »[5]

La philosophie de vie de certains pourrait être : « Cette vie est tout ; il n’y a rien au-delà. » Quelqu’un possédantune telle mentalité pourrait vivre ainsi : « Mangeons et buvons puisque demain nous mourrons » (1 Co 15.32). Une autre philosophie de vie très différente pourrait être : « Cette vie n’est pas la fin ; il y aura un jugement dernier » ; et : « Il nous faudra tous comparaître devant le tribunal de Christ » (2 Co 5.10).

D’après James W. Sire, les sept questions fondamentales posées par toute conception du monde sont : Quelle est la réalité première, celle qui est vraiment réelle ? Quelle est la nature de la réalité externe, c’est-à-dire, le monde qui nous entoure ? Qu’est-ce que l’être humain? Qu’arrive-t-il quand on meurt ? Pourquoi est-il possible de savoir quoi que ce soit ? Comment savoir ce qui est bien et ce qui est mal ? Quelle est la signification de l’histoire humaine ?[6]

Ce qui est passionnant, c’est que toutes ces questions posées par le processus de l’éducation trouvent une réponse parfaite dans la gestion. Tout commence par la reconnaissance du Créateur et de Sa relation avec la créature. C’est la tâche initiale du Livre de la Genèse.

GESTION ET VALEURS

Rien de tel que la Bible pour enseigner les valeurs (2 Tim 3.15-17), et rien de tel que la gestion pour traduire ces valeurs en action. Les experts en comportement humain s’accordent sur le fait que les sept premières années de la vie sont essentielles dans la formation du caractère. Des valeurs telles que l’obéissance, le respect, l’honnêteté, la bonté, la générosité, la régularité, la persévérance, le zèle, et plusieurs autres ont généralement déjà été intégrées à cet âge.

Des experts de l’Université de Californie à Riverside (UCR) ont noté que :

Le caractère et la personnalité d’une personne sont largement établis au moment où elle est très jeune. Les traits qui définiront cette personne pendant toute sa vie peuvent être clairement identifiés dès qu’elle a atteint saseptième année. Dans une nouvelle enquête, les scientifiques montrent qu’au moment où ils commencent à aller àl’école, les enfants montrent déjà les traits de personnalité qu’ils garderont toute leur vie.[7]

Il est évident que la meilleure éducation est celle qui fournit le précepte et l’exemple ; et la gestion est precisément structurée dans ce sens. Comme ceci a déjà été dit, la gestion chrétienne est la colonne vertébrale de la vie chrétienne. N’importe qui peut prétendre aimer Dieu, mais, en même temps, ignorer Sa loi ; par contre, la gestion permet de soutenir par des actes ce que l’on professe.

Imaginez un père, une mère, un pasteur ou un enseignant qui désire enseigner à ses petits agneaux des valeurs fondées sur la gestion chrétienne. Il se rendrait bien vite compte que c’est le grand discours parfait pour ancrer tous les principes nécessaires pour cette vie et pour la vie à venir.

Ce premier principe informe l’enfant d’où il vient et clarifie qui il est, devenant ainsi le point de départ pourd’autres valeurs.

Une fois que les enfants reconnaissent qu’ils sont des créatures de Dieu créées à Son image, ils peuvent clairement comprendre pourquoi on attend d’eux un code d’éthique conforme à leur origine. Sous ce grand parapluie de la gestionchrétienne, le mentor intégrera toutes les autres valeurs. Il sera donc facile d’enseigner aux enfants à reconnaitre les droits de Dieu sur eux. L’obéissance revêtira une dimension. Rendre la dîme et les offrandes, de même que pratiquer la générosité envers les autres, auront davantage de sens pour vous.

Quand nous regardons le cas de Joseph, par exemple, et comment les principes d’excellence (Ge 39.5, 6), de fidélité (versets 7-12), de planification (Gen. 41.46), d’épargne (versets 19, 56, 57), et beaucoup d’autres, ont façonné sa vie comme gestionnaire, nous nous rendons compte que la gestion a beaucoup à contribuer au développement humain de chacun de nous, et surtout de nos enfants.



[1] Ellen G. White, Éducation (Damarie-les-Lys, France : Éditions Vie et Santé, 1986), p. 35.
[2] Ellen G. White, Mind, Character, and Personality (L’esprit, le caractère et la personnalité ; traduit en français sous le titre Pour un bon équilibre mental et spirituel ; cette citation ne figure pas dans la version française) (Nashville, Tennessee: Southern Pub. Assn., 1977), vol. 1, p. 359.
[3] LeRoy E. Froom, Stewardship in Its Larger Aspects (La gestion sous ses aspects les plus larges) (Mountain View, Calif.: Pacific Press Pub. Assn., 1928), p. 2.
[4] Idem.
[5] James W. Sire, The Universe Next Door (L’Univers de la porte à côté), 5ème éd. (England: Inter-Varsity Press, 2004), p. 19.
[6] Ibid., p. 22, 23.
[7] Tudor Vieru, “Our Personality Is Fully Developed By the Age of 7” (Notre personnalité est complètement formée à l’âge de 7 ans), softpedia, 6 août 2010 – https://news.softpedia.com/news/Our-Personality-Is-Fully-Developed-By-the-Age-of-7-151093.shtml.

Manuel A. Rosario

Manuel A. Rosario, Ph.D., est ancien directeur de la GCV de la Fédération Centre de la République Dominicaine et l’auteur de Mayordomía es salvación (La gestion est le salut). Il est directeur des Ministères personnels de la Fédération du Grand New York depuis 2014.

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